SCULPTURES

 

 

Les sculptures présentées dans l'onglet du même nom sont qualifiées  Zéro déchet. Elles combinent deux types de matériaux : le bois flotté, déchet organique du fleuve St-Laurent et le déchet urbain: aluminium, fer, verre, céramique, matières plastiques, filages ou fragments échoués dans les rues de la ville.

 

Mes sculptures sont des recyclages intégraux des rebuts de la nature et de la culture populaire. On peut aussi les qualifier d’hyper-écologiques puisque l’acte de création lui-même n’entraine aucune pollution ni possibles émissions de GES. Leur fabrication ne nécessite que quatre outils (perceuse, pince, lime et ciseau à bois), une certaine force musculaire et un bon tube de colle!

 

INFLUENCES

 

Mes œuvres partagent quelques influences avec l’ARTE POVERA (Art pauvre), courant d’art sculptural né dans les années 1960 en Italie. Les artistes de ce mouvement revendiquaient un art libéré des contraintes esthétiques, refusant notamment d’utiliser les matériaux d’art plus nobles (céramique, bronze, marbre) mais surtout les pratiques plus convenues des galeries commerciales. Ils se tournèrent donc vers des matériaux naturels (sable, fibres, branches, etc…) et utilisèrent des rebuts tel que des carcasses de voitures ou des néons pour développer un message artistique directement inspiré du réel.

 

Mes œuvres partagent aussi une certaine parenté avec l’artiste canadien Douglas COPLAND. Celui-ci cherche, entre autres, à revaloriser le déchet non-organique en explorant son potentiel plastique, le mettant en scène dans des installations colorées, des meubles ou des sculptures thématiques.

 

DÉMARCHE ARTISTIQUE

 

Chaque sculpture est pour moi un agrégat de plusieurs humanités oubliées. En les créant, je compose à partir de vestiges de dizaines de vies sans lien apparent entre elles. Je juxtapose des matériaux insolites, quelquefois inconciliables, et les détourne de leur fonction première. Je cherche aussi à transformer le socle conventionnel de la sculpture (ordinairement de bois ou de pierre), en lui substituant des objets inusités: os de moelle, chandelle de cire, bouteille, bouchon de liège, enclume, pommeau de tringle, flacon de parfum. Ainsi, le plaisir de créer se déploie de la pièce jusqu’à son socle!

 

Ces sculptures deviennent aussi un vibrant témoignage de l’action du temps sur la matière, de l’usure et de la détérioration mais aussi de l’abandon de l’homme. Car ne doivent-elles pas leur existence à tout ce qui fut oublié, détruit ou jeté derrière soi?

 

Vieilles racines exhibant des implants d’aluminium, de plastiques colorés ou de verre, êtres préhistoriques, tantôt larve, couleuvre ou poisson trimbalant écouteurs, canettes écrasées ou phares brisés, chaque embout de bois usé par le temps côtoie des morceaux de technologie désuets, du métal rouillé, des rebuts sans valeur.  Si la présence du fleuve et l’action du temps sur le bois flotté ajoutent une poésie et redonnent une « seconde vie » aux multiples déchets intégrés dans mes sculptures, le fleuve reste encore le premier créateur des œuvres, le bois flotté ayant été arrondi et poli par plusieurs marées successives. Je ne suis donc que «l'adjointe du fleuve», celle qui trouve à cette racine une identité, une histoire.

             

 

POSTULAT DE CRÉATION

 

S’il s’agit d’une part de trouver la beauté à même nos déchets puis, d’autre part, d’imaginer l’être qui sommeille dans cette racine abandonnée, pour enfin, dans l’action de revalorisation des rebuts, lui donner une identité propre, n’est-ce pas là un processus de création intégral, malgré que nous n’ayons façonné aucun de ses morceaux ?

 

Je crois donc que créer, en cette ère de crise environnementale où la survie de la planète est directement en cause, doit s’inscrire dans un geste réparateur des abus du passé.  Se libérer de la consommation de matériaux artistiques neufs pour s'engager vers la reconquête de tout objet inutile ou inutilisable. L’oeuvre  serait ainsi attribuable à l’action de réparer les gestes de négligence commis envers notre planète.